marThe Other End of the Rainbow marque un tournant dans la pratique photographique de Kourtney Roy. Loin des décors pops aux couleursphotographique de Kourtney Roy. Loin des décors pops aux couleurs acidulées de ses travaux précédents, l’artiste propose dans ce projet une traversée des grands espaces nord-américains bordant la Highway 16.
Tristement célèbre au Canada, cette route traversant le nord de la Colombie-Britannique a été le théâtre depuis une cinquantaine d’années de plusieurs disparitions et meurtres de femmes qui, pour la plupart, sont originaires des Premières Nations. Plus d’une quarantaine de cas ont été recensés depuis les années 70.
Les disparitions de femmes autochtones, souvent moins médiatisées, subissent une différence de traitement de la part des autorités et des forces de police. Une désinvolture assumée qui traduit une inégalité systémique directement héritée de l’histoire coloniale du pays. Les familles et les proches des victimes continuent de lutter pour éviter que ces affaires ne tombent définitivement dans l’oubli.
Dans ce projet qui mêle approche documentaire et recherche artistique, Kourtney Roy tisse une narration à trois voix, modelée à la fois par des éléments factuels, par les personnes rencontrées lors de son exploration, par ses propres impressions consignées dans un journal de bord. Elle se rend à cinq reprises dans la région entre octobre 2017 et septembre 2019 constatant avec stupeur la récurrence et l’impunité de ces actes de violence. L’artiste dresse le portrait de ceux·celles, trop nombreux·ses, qui ont perdu des proches sur la route des larmes, de leurs souvenirs et les objets d’un quotidien révolu.
Kourtney Roy aborde ces faits par le prisme du paysage, dépeignant des sites à première vue banals : cours d’école, stations-essence, restaurants chinois, etc. Avec le tracé de la route comme seule contrainte, elle revient sur les lieux de disparition en quête d’indices sur les événements qui s’y sont déroulés. Vides et isolés, souvent rien ne vient troubler leur apparente insignifiance. Çà et là, des affiches ou des fleurs laissées par les proches des victimes sont les uniques rappels des événements qui s’y sont déroulés. Dans cette série d’images, souvent capturées la nuit, les éléments sont prégnants. Entre la neige et les incendies, les forêts et montagnes canadiennes, souvent majestueuses, ici menaçantes, s’y font le théâtre monumental d’une détresse trop longtemps réduite au silence.
Exposition du 29 mars au 18 mai 2025, vernissage le vendredi 28.03 – à partir de 18 heures
La Chambre ― espace d’exposition et de formation à l’image
4 place d’Austerlitz
67000 Strasbourg
+33 (0)3 88 36 65 38
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