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La galerie VU‘ organise une double expo du 17 janvier au 8 mars 2014 avec les photographes Juan Manuel Castro Prieto et Maja Forsslund.

Juan Manuel Castro Prieto : El archivo de la memoria

Juan Manuel Castro Prieto a parcouru les musées, le Louvre et le Musée d’Orsay à Paris, le Prado et le Musée Thyssen à Madrid pour un projet au long cours. Il y a photographié les oeuvres, et pourtant, ses images n’ont pas de vocation documentaire, ce ne sont pas de simples reproductions.

Juan Manuel Castro Prieto

Juan Manuel Castro Prieto

Pas de duplication, mais un regard porté sur une oeuvre par Castro Prieto. Alors, se croisent deux regards que plusieurs siècles parfois séparent, celui du peintre ou du sculpteur et celui du photographe. N’en déplaise à Eugène Delacroix qui écrivait «Le daguerréotype est plus que le miroir, il est le calque de l’objet», la photographie n’est pas une tautologie. Car c’est du regard porté, de la question de la perception, visuelle et sensible, d’une toile ou d’une sculpture, qu’il s’agit. Juan Manuel Castro Prieto interroge l’appréhension d’une oeuvre d’art tout à la fois comme le croisement et la superposition de deux médiums de représentation. La subjectivité du photographe s’exprime ici, laissant libre cours à son oeil qui s’attache à un éclat, un reflet, une craquelure à la surface de la toile…

Juan Manuel Castro Prieto

Série Bodas de sangre, 2010 Cruz de adelfas

L’homme blessé de Courbet, méconnaissable, affranchi de toute dimension morbide, est transfiguré par une sensualité qui n’est pas sans rappeler les saintes extatiques.Le cadre du Christ mort de Jean-Jacques Henner se mue en un cercueil qui semble se jouer des lois de la pesanteur. Par le jeu de focale sur l’Origine du monde, il en renforce la portée érotique, tant le regard, troublé par cette nudité ainsi exposée, ne pouvait plus rien voir d’autre.

Juan Manuel Castro Prieto

Juan Manuel Castro Prieto

Et sur ces oeuvres, qui appartiennent souvent à la mémoire collective, le photographe crée le trouble. Par le truchement du processus photographique, il opère une transsubstantiation de l’oeuvre, et l’image dans l’image résonne comme un écho

Maja Forsslund AKT

A première vue, les images de Maja Forsslund sont empreintes d’austérité.Nus, paysages, portraits, ses photographies, où tout semble reposer dans un ordre parfait, sont d’une composition impeccable.
Ses prises de vues argentiques, ses tirages délicats, sa maîtrise du clair-obscur ou du raffinement chromatique, confinent avec rigueur à une grande pureté formelle.

Akt #25, 2005.

Akt #25, 2005.

 

La photographe suédoise a longtemps étudié aux beaux-arts de Paris où son regard s’est aiguisé à l’iconographie classique, à l’étude de l’anatomie, au sens irréprochable de la composition. Mais il ne faudrait pas voir là une photographie qui s’affirme comme une simple référence à la peinture, s’inscrivant dans le champ de l’histoire de l’art comme la résurgence photographique d’une tradition de la représentation picturale.AKT.

Akt #41, 2005.

Akt #41, 2005.

 

Ces nus, modèles photographiés pendant les cours dans un atelier des beaux-arts de Cracovie, sont des figures dont l’académisme et l’exercice de la pose plus ou moins convenue font d’abord écho à l’iconographie de la peinture, du dessin ou de la sculpture et à un usage du 19e siècle : la production de nus photographiés destinés aux peintres (avec Eugène Durieu qui réalisait des prises de vue pour Delacroix, par exemple).

 

Galerie VU’ du 17 janvier au 8 mars 2014
Hôtel Paul Delaroche,

75009 Paris