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La Galerie L’Ecurie (Paris) expose la série Tendre violence de Thomas Lélu du  février au 5 mars 2014.

Thomas Lélu Galerie L'Ecurie

Une image vaut mille mots. Cependant, il ne faut pas se fier aux premiers mots qui nous passent par la tête. Des voitures puissantes et des femmes nues juxtaposées apparaissent a priori comme des symboles communs du machisme et de la domination masculine.

Mais c’est dans la désagrégation de ces clichés éculés d’assujettissement et d’emprise que repose le propos de cette exposition. Dans l’apposition de deux éléments aux références fortes, Thomas Lélu opère une transformation sémantique dans le prolongement de sa recherche
continuelle de destruction des stéréotypes.

Thomas Lélu Galerie L'Ecurie

 

 

Thomas Lélu Galerie L'Ecurie

Thomas Lélu Galerie L'Ecurie

Au départ une voiture, un bien symbolique ostentatoire qui incarne la pluralité des possibles et surtout le contrôle ultime. Mais voilà, dans les oeuvres exposées, le capot de voiture qui couvre un moteur rutilant est sensuellement enveloppé, voire neutralisé par l’image d’une femme forte
nue provenant de magazines érotiques (et précisément non pornographiques) publiés dans les années 70.

C’est sans coïncidence que les photographies ont été choisies car elles ont été prises dans un contexte d’émancipation sexuelle des femmes et de lutte contre les dispositifs
de répression sexuelle. À cette époque charnière, ces images ne sont pas encore normées ni manipulées puisque la représentation de la nudité, jusque là cloisonnée aux frontières d’un prétexte mythologique, se libère et traduit réellement le processus de ré-appropriation de leur corps par les femmes.

Cette nudité, affranchie de prétextes, envahit alors tous les domaines de la création et par ce biais nourrit l’imaginaire collectif et le fantasme de la femme sexuellement émancipée. Ces photographies sont des moments volés d’intimité dans la vie de femmes idéalisées dans l’esprit commun et dans celui de l’artiste qui s’exposent sans fragilité ni pudeur et concrètement
sans présence masculine. Elles semblent maîtresses de leur sexualité, ou plutôt en phase avec leur libido et donc régies par elle.

Dans la déviation des images, Thomas Lélu rend compte de l’antagonisme et de la tension qui peuvent exister entre elles. Dans l’exposition, cette tension relate le rapport de force actuel entre les deux sexes et sous entend que l’ascendant a peut-être changé de main en termes sexuels, voire de pouvoir. Et, tout simplement,l’érotisme est un jeu où il s’agit d’amener l’autre à sortir
de sa cachette, à exposer ce qu’il a sous son capot.

Galerie L’Ecurie
44, rue Lucien Sampaix
75010 Paris