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La Galerie Esther Woerdehoff présente l’exposition windstill. grün. de Iris Hutegger du 22 mars au 30 avril 2016. « Avant tout, je suis sculpteur », dit Iris Hutegger. Même si son travail commence avec un appareil photo.

Originaire d’Autriche, elle est devenue artiste dans sa trentaine. De loin, ses oeuvres paraissent des dessins colorés au crayon. Cependant en s’approchant, on ne perçoit pas seulement le grain de la photographie en noir et blanc, mais aussi les centaines de fils qui s’enchevêtrent sur l’image. On comprend alors que la couleur vient de ces fils qui brodent l’image et lui ajoutent une troisième dimension. Ces photographies brodées sont des pièces uniques en différents formats et ne portent pas d’autre titre que des numéros: l’artiste ne veut pas que les montagnes se laissent géographiquement identifier.

 

 

Les paysages deviennent une création propre à l’artiste, même si tout commence par une photographie. Iris Hutegger, randonneuse passionnée des Alpes, photographie ces éléments rocheux, qu’elle connait depuis sa naissance, avec un film négatif couleur mais les tire – souvent seulement des mois plus tard, pour ainsi distancier la mémoire du lieu – en noir et blanc, ce qui donne aux montagnes un grain prononcé et un aspect lunaire. On ne saura rien des lieux photographiés, sinon qu’il ne s’agit que de paysages, vides de toute présence humaine ou animale, et dont la végétation se confond avec la roche, hors des saisons.

Ce choix technique amène la réalité d’un paysage familier vers l’abstraction, pour ne garder que la trace des formes et des textures. Plus tard, Iris Hutegger prend chaque photographie, tirée sur un papier épais, et la passe sous le pied de sa machine à coudre de marque Bernina. Elle travaille d’ailleurs avec les fabricants de ce modèle suisse, car coudre le papier demande des aiguilles adaptées. Le travail de Iris Hutegger est lent, minutieux et laborieux. Avec la machine à coudre, elle apporte une couleur inédite au paysage, une végétation et une dimension géologique qui n’ont jamais existé. Dans cette végétation rêvée, les fils s’entremêlent en une résille de couleurs et s’ancrent dans la matière du tirage au point où, dans les zones les plus denses de la broderie, le papier disparait sous la piqûre de l’aiguille.

L’artiste revendique le temps nécessaire à l’achèvement de chaque pièce, dans une lenteur entrecoupée de pauses, après la marche et la prise de vue, après le tirage,lors de la broderie. Ces interruptions lui permettent une fois de plus de se détacher de la mémoire du lieu, donc de sa réalité, pour fabriquer autre chose, ce qu’elle décrit comme une « véritable image fictive ». Marquée par la philosophie de Baudrillard, Iris Hutegger souhaite par ses photographies interroger la réalité du monde hors de notre perception et la technicité du médium.

Les oeuvres de Iris Hutegger ont fait l’objet de nombreuses expositions en Europe. LaGalerie Esther Woerdehoff  lui consacre sa première exposition personnelle en France.

Galerie Esther Woerdehoff
36 rue Falguière
75015 Paris
Entrée libre du mardi au samedi de 14h

Vernissage : mardi 22 mars 2016, de 18h à 21h, en présence de l’artiste
Exposition du 22 mars au 30 avril 2016

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