Tout part de la montagne et du chemin à prendre pour la photographier. Mais si Iris Hutegger et Xavier Dauny choisissent les procédés traditionnels de la photographie argentique pour créer leurs œuvres en noir et blanc, ils les métamorphosent par la broderie ou la prise de vue et le tirage et inventent ainsi une autre vision du paysage, poétique et sensible, nourrie par leurs réflexions et leur imaginaire. Ces deux artistes se retrouvent dans la très grande rigueur que leur imposent leur protocole créatif et le temps qu’ils consacrent au travail de prise de vue, de tirage ou de transformation de l’image photographique. Par leurs approches, Iris Hutegger et Xavier Dauny nous invitent à questionner notre perception du paysage, l’empreinte de l’humain sur la nature et la question du temps, désormais temps de l’urgence environnementale face à l’éternité des montagnes.
Exposition du 26 aout 2021 au 7 octobre 2021
De loin, les oeuvres encadrés d’Iris Hutegger paraissent des dessins colorés. Mais en s’approchant, le spectateur perçoit le grain de la photographie et comprend que la couleur vient des fils qui brodent l’image. De ces pièces uniques, de formats variés, sans autre titre qu’un numéro, on ne saura rien des lieux photographiés, sinon qu’il ne s’agit que de paysages, de roche et de
végétation, sans présence humaine ou animale, et hors des saisons. L’artiste les photographie d’abord lors de randonnées, dans les Alpes ou lors d’un voyage en Islande. Prises sur un film négatif couleur mais tirées en noir et blanc, ces montagnes prennent un grain prononcé et un aspect lunaire. Ce choix technique amène le paysage familier vers l’abstraction, pour n’en garder que la structure et la texture. Puis, Iris Hutegger prend chaque photographie, tirée sur un papier épais, et la passe sous le pied de sa machine à coudre. Par un travail lent et minutieux, elle brode l’image, retrouvant la couleur. Lave, prairie, cascade, coulures abstraites, cette végétation rêvée ignore la botanique, et les fils s’entremêlent dans une résille de couleurs inventées qui tranchent sur les gris et s’ancrent dans la matière du tirage au point où, dans les zones les plus denses de la broderie, le papier disparait sous la piqure de l’aiguille.
Iris Hutegger revendique le temps nécessaire à l’achèvement de chaque pièce, dans un travail entrecoupé de pauses, après la marche et la prise de vue, après le tirage, lors de la broderie. Ces interruptions lui permettent de se détacher de la mémoire du lieu, donc de sa réalité, pour fabriquer ce qu’elle décrit comme une « véritable image fictive ».
Exposition du 26 aout 2021 au 7 octobre 2021 du mercredi au samedi de 12h à 19h
Galerie Esther Woerdehoff
36, rue Falguière
75015 Paris